Ferdowsi     

Ferdowsi est né dans la province de Khorassan, dans un village près de Tous, en 935 après J.-C. Il est à l’origine du renouveau des traditions culturelles persanes après la conquête arabe au VIIe siècle. Du vivant de Ferdowsi, plusieurs textes médiévaux décrivent le manque d’intérêt du nouveau souverain du Khorasan, Mahmoud de Ghazni, pour Ferdowsi et son œuvre. On dit que Ferdowsi est mort vers 1020 après J.-C. dans la pauvreté et aigri par la négligence royale, bien que confiant dans sa renommée finale et son poème. “Shahnameh” (Le Livre des Rois) est l’un des classiques les plus connus au monde. Il raconte l’histoire des héros de la Perse antique. Le contenu et le style de la description des événements par le poète ramènent le lecteur à l’époque antique et lui font ressentir les événements. Ferdowsi a travaillé pendant trente ans pour achever ce chef-d’œuvre. Ferdowsi est considéré comme le plus grand poète persan. Depuis près de mille ans, les Perses continuent à lire et écouter des récits de son chef-d’œuvre, dans lequel l’épopée nationale persane a trouvé sa forme finale. C’est l’histoire du passé glorieux de l’Iran, préservée à jamais dans des vers sonores et majestueux. Bien qu’écrit il y a environ 1000 ans, cet ouvrage est aussi compréhensible aux Iraniens modernes. La langue, un original Pahlavi, est pur persan avec seulement une petite contamination arabe.

Shahnameh, finalement achevé en 1010, a été présenté au célèbre sultan Mahmoud, déçu par le résultat. Le sultan lui avait promis sa récompense en dinar (60000 dinar) mais a fini par lui donner 20000 dirham (100 dirham= 1 dinar). Selon certains, c’était la jalousie des poètes travaillant à la cour qui a abouti à ce mécontentement. D’après certaines sources, il a refusé l’argent ou selon d’autres, il l’a donné à un homme qui vendait du vin.

La caractéristique importante de Shahnameh c’est qu’à l’époque où l’arabe était connu comme la langue principale de la science et de la littérature, Ferdowsi n’a utilisé que le persan pour créer son chef-d’oeuvre. Comme le dit Ferdowsi lui-même, “la langue persane est ravivée par cette œuvre”.

Farid al-Din Attar

Il a vécu à une époque où le soufisme était largement pratiqué et où les problèmes de métaphysique faisaient l’objet de spéculations actives. Il a vécu jusqu’à presque 100 ans et a été tué par des envahisseurs mongols. Sa tombe se trouve à Nishapur en Iran. Différentes histoires sont racontées sur la mort d’Attar, une histoire commune est qu’il a été capturé par un Mongol. Un jour, quelqu’un est venu proposer mille pièces d’argent pour acheter les marchandises de ce Mongol. Attar lui a dit de ne pas les vendre à ce prix car le prix n’était pas correct. Le Mongol a accepté les paroles d’Attar et ne les a pas vendues. Plus tard, quelqu’un d’autre est arrivé et lui a offert un sac de paille. Attar a conseillé au Mongol de les vendre car c’est ce qu’il vallait. Le soldat mongol s’est mis en colère et a tué Attar pour donner une leçon au peuple. Attar est l’un des poètes les plus mystiques d’Iran. Son œuvre n’était rien d’autre que l’inspiration philosophique de Rumi et de nombreux autres poètes mystiques d’Iran. Molavi Rumi considérait Attar comme l’esprit.

Baba Taher Oryan Hamadani

Selon une source, il est mort en 1019 après JC et si cela est fiable, alors Baba Taher était le contemporain de Ferdowsi et d’Abu Ali Sina (Avicenne) et un précurseur immédiat d’Omar Khayyam. On dit qu’il a vécu jusqu’à l’âge de soixante-quinze ans. On prétend qu’il faisait partie de la secte ‘Ahl-e Haqq’ (Derviche ou adepte de la vérité) et que sa sœur Bibi Fatimeh est également respectée par cette communauté. Baba Taher Oryan Hamadani était l’un des plus éminents mystiques de son temps. Il était originaire de Hamadan, un homme instruit, qui sait tout (ce qui signifie hama dan en persan). Son nom populaire Oryan signifie “nu”. Baba Taher est connu pour ses  do-bayti et ses quatrains. Les poèmes de Baba Taher sont chantés accompagnés du Sitar (un instrument de musique à trois cordes). Les quatrains de Baba Taher sont écrits dans des accents locaux, ils doivent donc être récités en respectant l’accent marqué de sa ville, Hamadan. Les quatrains de Baba Taher ont été chantées en dialecte de Pahlavi et ont pris leur forme actuelle au fil du temps. Les quatrains de Baba Taher ont une connotation amoureuse, mystique et philosophique.

Justice des yeux et justice du cœur

Tout ce que je vois, est désir du cœur

Je fais une épée faite d’acier

Je surine mon œil pour calmer mon cœur

Mehdi Akhavan-Sales

Il est né en 1928 à Mashhad, dans la province de Khorasan, où il a terminé ses études secondaires. Au début des années 1950, il a participé à des émeutes antigouvernementales, ce qui était courant en Iran à l’époque, et a été brièvement emprisonné après la chute du gouvernement du Dr Mohammad Mosaddeq en 1953. Son premier recueil de poèmes, “Organ”, a été publié en 1951. Entre 1959 et 1965, il a travaillé comme professeur de lycée et directeur d’école primaire. Il a également contribué au doublage et/ou à la narration de films éducatifs, ainsi qu’à la rédaction d’articles pour des journaux et des magazines populaires.

Fereydoun Moshiri

Il est né à Téhéran en septembre 1926. Sa famille est connue pour son héritage de poésie et, tandis que son père occupe des postes administratifs, ses années d’école sont partagées entre Téhéran et Mashhad. Avec le début de la seconde guerre mondiale, la famille déménage à Téhéran et le jeune Moshiri poursuit sa scolarité à Dar-ol Fonoon puis au lycée Adib. Au cours de ces années, ses premiers poèmes sont publiés dans des magazines progressistes tels que Iran-e-Ma (Our Iran). C’est le début d’une carrière dans le journalisme littéraire que Fereydoon poursuivra pendant plus de trente ans. En 1946, Moshiri a rejoint le département des télécommunications où il a servi jusqu’à sa retraite. En 1954, Moshiri épouse Eghbal Akhavan, alors étudiante en peinture à l’université de Téhéran.

Avant de devenir poète, Fereydoon Moshiri était journaliste et cette occupation lui a permis de faire la connaissance des érudits de la langue et de la littérature persanes: Alameh Dehkhoda et Dr Moein. Moshiri a commencé à composer des poèmes en publiant son volume de poèmes intitulé “Teshne-ye Toofan” ( Soif de Typhon) au printemps 1955 à Téhéran. Deux ans plus tard, ce livre a été révisé avec l’ajout de quelques nouveaux poèmes et publié sous un nouveau titre : “Naayaafteh” (Irrévélé). Moshiri a appliqué la typologie du vers libre à sa poésie, ce qui signifie qu’il a utilisé les rimes de manière appropriée et rationnelle et les a combinées avec un nouveau regard sur la nature, les choses et les gens qui l’entourent, ainsi qu’avec un sentiment délicat, pour présenter ses poèmes avec une caractéristique. Moshiri est surtout connu pour avoir réconcilié la poésie persane classique, d’une part, et la nouvelle poésie initiée par Nima Yooshij, d’autre part. L’une des plus grandes contributions de la poésie de Moshiri, selon certains observateurs, est l’élargissement du champ social et géographique de la littérature persane moderne. En octobre 1997, Moshiri a lu plusieurs de ses meilleurs poèmes lors d’une réunion à l’Université de Californie, Berkeley. Il était un véritable écrivain, un chercheur, un grand rédacteur et chroniqueur pour les pages de poésie de nombreux magazines et journaux.

J’ai soif de cet air vivifiant

Je suis fou de l’automne, printemps

Avant que la mort donne mon préavis

Je vais m’accrocher à la jupe de la vie

Simin Behbahani (1927 – 2014)

Simin, poète et écrivain iranienne, est née le 20 juin 1927, à Téhéran, de parents littéraires. Son père, Abbas Khalili, était écrivain et éditeur de journaux, sa mère, Fakhr Ozma Arghoon, était professeure, écrivain et éditeur de journaux et aussi une poète de grand talent. Simin a pris le surnom de “lionne d’Iran” en exprimant sa ferme opposition à l’oppression et à la violence dans plus de 600 poèmes.

Avant sa naissance, son père a été temporairement exilé pour des activités perçues comme menaçantes pour le gouvernement. Ses parents se sont réunis deux ans plus tard, mais ont fini par divorcer, et Simin est restée avec sa mère, une poète qui l’a encouragée à écrire.

Elle a publié son premier poème à l’âge de 14 ans. Simin a suivi une brève formation de sage-femme, mais a été exclue du programme après avoir été faussement accusée d’avoir écrit un article de journal critiquant l’école. Son licenciement est probablement dû à son association avec le parti communiste Tudeh. Simin s’est mariée peu après et a pris le nom de famille de son mari, Behbahani. Tout en élevant sa famille, elle a étudié le droit à l’université de Téhéran. Après avoir divorcé de son premier mari, elle s’est remarié (1969) et a obtenu un diplôme de droit. Toutefois, au lieu de poursuivre une carrière juridique, elle a trouvé du travail en tant qu’enseignante au secondaire.

Simin Behbahani a utilisé le style “Char Pareh” de Nima Yushij, et plus tard, s’est retourné vers “Qazal”, un style poétique libre similaire au “Sonnet” occidental. Il a contribué à un développement historique de “Qazal” en ajoutant des sujets théâtraux, des événements quotidiens et des conversations dans ce style de poésie. Simin Behbahani a élargi la gamme des vers traditionnels persans et a écrit les œuvres les plus importantes de la littérature persane du XXe siècle.

Elle a été nominée pour le prix Nobel de littérature en 1997, a également reçu une bourse Human Rights Watch-Hellman/Hammet en 1998, et de même, en 1999, la médaille Carl von Ossietzky, pour son combat pour la liberté d’expression en Iran.

Behbahani a écrit de manière prolifique tout au long de sa vie. Son premier recueil de vers, Setar-e shekasteh (le sitar brisé), a été publié en 1951. Elle est connue pour avoir détourné les formes poétiques classiques persanes afin d’explorer des thèmes contemporains, en inversant souvent la structure traditionnelle du qazal par l’utilisation d’un narrateur féminin. Ce point est particulièrement important, car elle a commencé à expérimenter ces formes au moment où le vers blanc devenait populaire parmi les poètes iraniens et où les formes plus classiques étaient en déclin. À partir de 1962, elle a écrit également des textes pour la radio nationale. Après l’instauration d’un régime islamique par la révolution iranienne (1979), elle a exprimé de plus en plus son horreur des violations des droits de l’homme dans sa poésie et sa prose. Il convient de mentionner que les questions politiques et culturelles abordées par Simin Behbahani n’ont jamais éloigné la poétesse de son pays.

Nuit et Pain

“Laisse-moi écrire

Laisse-moi écrire une lettre !

La lampe a inondé la maison de sa lumière.

La joie a de nouveau comblé ma poitrine.

Il y a beaucoup de pain sur la nappe.

Laisse-moi écrire une lettre !

Mon retour ce soir à la maison coïncidait avec la tombée de la pluie dans le jardin de pouliots et de basilic.

Mes deux bouquets d’églantines tremblent sous ma robe de soie.

Mes deux grappes de jasmins dansent sur mes épaules nues.

Ma joie est une parole éloquente dans mes yeux muets.

Mon regard, un poème sublime sous l’ombre de mes cils.

Il y a une effervescence de lumière, une fête de chants et de chansons.

C’est le printemps et l’abondance des fleurs, même si nous sommes au milieu de l’hiver.”

Parvin E’tesami (1907 – 1941)

Parvin Etesami, née à Tabriz, est un poétesse iranienne du XXe siècle. Dès son enfance, Parvin a appris le persan, l’anglais et l’arabe auprès de son père. Dès le plus jeune âge, elle a commencé à composer des poèmes sous la supervision de son père et de professeurs talentueux tels que Dehkhoda et Bahar.

Les littératures persanes et arabes l’ont toujours émerveillées et à l’âge de huit ans, elle a commencé à écrire de la poésie, et surtout à composer des pièces structurées et délicates que son père traduisait à partir de livres étrangers (en français, en turc et en arabe). Elle a donc naturellement expérimenté son talent littéraire en développant un style multilingue particulier.

Dans ses poèmes, Parvin suit le style des pionniers, notamment Nasser Khosrow, et ses poèmes comportent principalement des thèmes moraux et mystiques. Parvin exprime la sagesse et les questions morales dans un langage si simple et si éloquent.

La poésie de Parvin, du point de vue de l’expression des concepts et des significations, se présente plutôt sous la forme d’un “débat” et d’une “question-réponse”. On trouve plus de soixante-dix exemples de débats dans son Divan (recueil de poèmes) ce qui l’a rendue éminente parmi les poètes persans à cet égard. Au pouvoir des mots et à la maîtrise des industries et des rituels de la parole, elle a été à la hauteur des orateurs célèbres, et entre-temps, elle a accordé une attention particulière au débat et a fait revivre cette méthode, qui était celle des poètes du nord de l’Iran.

La vie de Parvin a été accompagnée de divers moments socio-politiques tels que la révolution constitutionnelle, la chute de la dynastie Qajar, le retour de Reza Shah et la première guerre mondiale. Tous ces événements ont rendu Parvin consciente des problèmes de son époque et ont créé un milieu social dans ses poèmes. En raison de l’absence de journaux et d’autres médias de masse à cette époque, le seul moyen de se familiariser avec les questions politiques était le dialogue avec son père. La poésie de Parvin aborde des thèmes tels que l’oppression, la lutte contre la pauvreté, la justice et l’idéalisme. C’est pourquoi certains ont considéré Parvin comme l’une des architectes de l’histoire et de la pensée politique iraniennes.

La larme de l’orphelin

“De chaque rue et de chaque toit, des cris de joie s’élevaient ;

Ce jour-là, le roi passait dans la ville

Au milieu de tout cela, un garçon orphelin exprime ses doutes,

Quelle est cette étincelle qui se trouve au sommet de sa couronne ?

Quelqu’un a répondu : ce n’est pas à nous de le savoir,

Mais c’est une chose inestimable, c’est clair !

Une chèvre s’est approchée, le dos courbé vers le bas,

Elle a dit : c’est le sang de ton cœur et la larme de mon œil !

Sur les larmes de l’orphelin, fixe ton regard.

Jusqu’à ce que tu vois d’où vient la lueur du joyau.”

Nima Yushij

Nima Yushij (1897-1960), le premier grand poète persan moderne, a développé une forme poétique appelée plus tard “Nouvelle Poésie”, Poésie Libre, afin de supprimer les restrictions de la rime et du mètre traditionnels. Bien qu’il ne soit pas le seul ni même le premier à avoir tenté de moderniser la poésie persane, c’est à lui que l’on a attribué le titre de “père de la poésie persane moderne”.

Il est né le 11 novembre 1897 à Yush, un village de Nur, une ville du nord de l’Iran. Son père, Ebrahim, était un fervent partisan du constitutionnalisme. Il savait lire et écrire, ce qui fait de lui un membre de l’élite iranienne du début du vingtième siècle. Tuba, la mère de Nima, était une petite-fille de Hakim Nuri, un poète de l’époque Qajar.

C’est en pleine révolution constitutionnelle (1906-1911) que Nima, âgé de douze ans, s’est installé à Téhéran (1909) pour fréquenter le lycée Saint Louis, une école missionnaire française. L’un de ses professeurs, Nezam, a reconnu son don poétique et l’a encouragé à écrire et à composer des poèmes.

Nima Yushij qui a passé la majeure partie de sa vie à apprendre les méthodes des maîtres, est parvenu à la conclusion que la poésie persane devait être modifiée non seulement dans son contenu, mais aussi dans sa forme.

Dans la littérature persane classique, la prose et la poésie étaient facilement distinguées. La poésie, contrairement à la prose, était symétrique dans sa forme et sa musique. Même dans les œuvres qui juxtaposent des lignes de poésie et de prose, les lecteurs et les auditeurs peuvent facilement faire la distinction entre les deux. Nima a développé une idée différente de la forme et de la musique de la poésie. Les innovations formelles de Nima portent sur la rime, un élément important de la forme et de la musique de la poésie persane. Dès le début de la poésie persane, la rime a été l’une de ses principales caractéristiques. La division du beyt, unité poétique unique, en deux hémistiches de valeur métrique égale a rendu très visible la nature mécaniste du schéma de rimes dans la poésie persane “.de rimes dans la poésie persane.”

Nimā a revitalisé la rime dans la poésie persane. La poésie persane classique était basée sur le beyt et la rime faisait partie intégrante de chaque beyt. Cependant, dans le style de Nima, il n’y a pas d’au-delà conventionnel comme unité fondamentale de la poésie. Pour lui, la rime était un élément musical permettant de relier des idées connexes, plutôt que le beyt conventionnel, dans un poème.

Dans la nouvelle poésie de Nima, le rythme occupe une place centrale. Les poètes du nouveau poème composent leur poésie selon le rythme de la parole naturelle plutôt que selon un ensemble de mètres prédéterminés. Visuellement, ce choix ruine l’esthétique du poème car les hémistiches perdent leur équilibre symétrique traditionnel ; une ligne peut contenir un seul mot alors que d’autres lignes peuvent contenir une longue chaîne de mots. L’harmonie est également obtenue de manière différente. La monotonie de la strophe traditionnelle basée sur la métrique fait place à une harmonie dynamique obtenue par l’accumulation de l’effet du rythme naturel du langage de l’oreille. Enfin, la nouvelle poésie cherche à s’éloigner de la poésie traditionnelle non seulement dans l’abandon du système thématique et de la rime, mais aussi dans le choix du contenu.

Dans la froide nuit d’hiver

“Dans la froide nuit d’hiver

Même la fournaise du soleil

Ne brûle pas comme le foyer chaud de ma lampe,

Et comme ma lampe

aucune autre lumière ne brille,

La lune, qui brille du ciel, n’est pas non plus gelée.

J’ai allumé ma lampe quand mon voisin marchait dans une nuit sombre,

et c’était une froide nuit d’hiver,

Le vent encerclait le pin,

au milieu des mornes cabanes

il s’est séparé de moi, perdu, dans cette rue étroite.

Et l’histoire persiste dans la mémoire

et ces mots suspendus à ses lèvres :

Qui allume ? Qui brûle ?

Qui, dans son cœur, préserve cette histoire ?

Dans la froide nuit d’hiver,

Même la fournaise du soleil

Ne brûle pas comme le foyer chaud de ma lampe.”

Farsi : le persan est la langue parlée en Iran

L’indo-iranien est l’une des principales branches de la famille des langues car il réunit toutes les conditionss favorables pour l’être. Son peuple est l’un des premiers peuples indo-européens à entrer dans l’histoire. L’une des langues de cette famille est devenue la langue classique d’une culture aussi ancienne et particulière que celle de l’Iran. Au premier millénaire avant J.-C., les Indo-Iraniens apparaissent définitivement scindés en leurs deux branches, Indienne et Iranienne, et établis dans un continuum allant de l’Iran en Inde, en passant par l’Afghanistan et le Pakistan. A partir de ce moment, les deux peuples doivent être considérés séparément. Par conséquent, l’une de ces langues est précisément le farsi, c’est-à-dire le persan moderne. Le farsi est de souche indo-européenne et est complètement différent des langues sémitiques comme l’arabe ou l’hébreu.

L’Iran a été islamisé aux 7e et 8e siècles de notre ère, après la conquête des Arabes, lorsque la calligraphie arabe a remplacé le persan. Cependant, le farsi a conservé ses formes grammaticales, de sorte que, d’un point de vue morphosyntaxique, le persan est resté le même qu’avant et n’est pas devenu une langue sémitique. L’histoire iranienne préislamique était si opulente et radicale qu’elle a laissé des traces clairement reconnaissables, à commencer par la langue. Avant la conquête arabe, la langue perse a connu deux phases d’évolution : le vieux persan et l’avestique.

Le vieux persan est la langue officielle de la dynastie achéménide durant l’Empire perse. Darius le Grand (521 – 486 av. J.-C.) a introduit l’écriture pour sa langue, un mode simplifié du système cunéiforme.

L’avestique est la langue dans laquelle est écrit l’Avesta, le texte sacré des zoroastriens. Longtemps transmis oralement, il n’a été mis par écrit qu’après le troisième siècle de notre ère, sous le règne des Sassanides, et a subi des simplifications considérables par rapport à l’ancien. Il n’avait pas un seul alphabet, mais deux : l’alphabet araméen et celui appelé huzvaresh.

Aujourd’hui encore, les différents dialectes iraniens ont poursuivi leur évolution jusqu’à ce que, au 10e siècle, ils émergent sous la forme du persan moderne. La principale œuvre littéraire de l’Iran moderne est un poème épique “Le Livre des Rois”, dont l’auteur, Ferdowsi, a vécu jusqu’à l’an 1000 environ. De nombreuses variétés dialectales continuent d’être parlées aujourd’hui. Il s’agit notamment du farsi, la langue nationale de l’Iran ; du pachto, la langue officielle de l’Afghanistan ; des dialectes kurdes, parlés en Syrie, en Turquie, en Iran et en Irak ; et des dialectes du Pamir, sur le plateau du Pamir situé au nord-ouest de l’Afghanistan. Enfin, les langues iraniennes du Caucase du Nord, l’ossétique et les dialectes caspiens sont les héritiers de la langue des derniers éléments indo-européens restés dans les steppes, que nous appelons les Scythes et les Sarmates.

Forough Farrokhzad

Née à Téhéran en 1935, une époque de grandes transformations sociales, troisième d’une famille de sept enfants, Forough a étudié l’art et a rapidement commencé à composer des poèmes. Forough a fréquenté l’école jusqu’à la huitième année, puis a appris à peindre et à coudre dans une école d’arts manuels pour les filles. À l’âge de seize ans, elle est mariée à Parviz Shapour, un auteur satirique renommé. Forough a poursuivi ses études avec des cours de peinture et a déménagé, accompagné de son mari à Ahwaz. Un an plus tard, elle donne naissance à son fils unique, Kamyar (sujet d’un de ses poèmes). Après trois ans de mariage, Forough s’est sentie obligée de choisir entre le divorce et la poésie et a choisi la seconde, ce qui l’a privé de voir sonn fils à jamais.

Forough Farrokhzad, une femme divorcée qui écrivait des poèmes controversés avec une voix féminine forte, a immédiatement connu un succès fulgurant et est devenue une icône féminine. En 1958, elle a passé neuf mois en Europe pour raisons d’études. Après son retour en Iran, à la recherche d’un emploi, elle a rencontré le réalisateur et écrivain Ebrahim Golestan, qui a renforcé son envie de s’exprimer et de vivre de manière indépendante et avec qui elle a entretenu une relation amoureuse. Entre-temps, elle a publié deux autres livres, “Le mur” et “la rébellion”, avant de se rendre à Tabriz pour tourner un court métrage sur les Iraniens atteints de la lèpre.

Ce court métrage réalisé en 1962 s’intitule “La maison est noire” et est considéré comme un élément essentiel de la nouvelle vague du cinéma iranien. Pendant les douze jours de tournage, Forough s’est attaché à Hossein Mansouri, le fils de deux lépreux, et a décidé de l’adopter et de l’emmener avec elle dans la maison de sa mère.

Le 13 février 1967, Forough est morte dans un accident de voiture à l’âge de trente-deux ans. Pour éviter de heurter un bus scolaire, elle a fait une embardée et sa jeep a heurté un mur de pierre. Elle est morte avant d’arriver à l’hôpital. Son poème “Ayons foi en le début de la saison froide” a été publié à titre posthume et est considéré par certains critiques littéraires comme l’un des poèmes modernes les mieux structurés en persan :

“C’est moi, une femme seule

Au seuil d’une saison froide

Au début du saisissement

 de l’existence souillée de la terre

Du désespoir simple et triste du ciel

Et de l’impuissance de ces mains cimentées.

Le temps passa et l’horloge frappa quatre, coups

 quatre coups.

Je connais le secret des saisons

Et je saisis la parole des instants

Le sauveur sommeille dans sa tombe

Et le sol, le sol accueillant

Est une allusion à la quiétude”

Forugh Farrokhzad est considérée comme la plus grande poétesse du vingtième siècle en Iran, ses poèmes ont inspiré des artistes célèbres en Iran et à l’étranger, comme Abbas Kiarostami, dans son film “le vent nous emprortera”, et Bertolucci, un documentaire sur sa vie. Aujourd’hui encore, son souvenir est bien vivant et présent. Sa vie est l’histoire d’une femme courageuse, poétesse et artiste de grand talent aux multiples aventures sentimentales, sociales et politiques.

Le lien du film “la maison est noire” sur Youtube.