Farsi : le persan est la langue parlée en Iran

L’indo-iranien est l’une des principales branches de la famille des langues car il réunit toutes les conditionss favorables pour l’être. Son peuple est l’un des premiers peuples indo-européens à entrer dans l’histoire. L’une des langues de cette famille est devenue la langue classique d’une culture aussi ancienne et particulière que celle de l’Iran. Au premier millénaire avant J.-C., les Indo-Iraniens apparaissent définitivement scindés en leurs deux branches, Indienne et Iranienne, et établis dans un continuum allant de l’Iran en Inde, en passant par l’Afghanistan et le Pakistan. A partir de ce moment, les deux peuples doivent être considérés séparément. Par conséquent, l’une de ces langues est précisément le farsi, c’est-à-dire le persan moderne. Le farsi est de souche indo-européenne et est complètement différent des langues sémitiques comme l’arabe ou l’hébreu.

L’Iran a été islamisé aux 7e et 8e siècles de notre ère, après la conquête des Arabes, lorsque la calligraphie arabe a remplacé le persan. Cependant, le farsi a conservé ses formes grammaticales, de sorte que, d’un point de vue morphosyntaxique, le persan est resté le même qu’avant et n’est pas devenu une langue sémitique. L’histoire iranienne préislamique était si opulente et radicale qu’elle a laissé des traces clairement reconnaissables, à commencer par la langue. Avant la conquête arabe, la langue perse a connu deux phases d’évolution : le vieux persan et l’avestique.

Le vieux persan est la langue officielle de la dynastie achéménide durant l’Empire perse. Darius le Grand (521 – 486 av. J.-C.) a introduit l’écriture pour sa langue, un mode simplifié du système cunéiforme.

L’avestique est la langue dans laquelle est écrit l’Avesta, le texte sacré des zoroastriens. Longtemps transmis oralement, il n’a été mis par écrit qu’après le troisième siècle de notre ère, sous le règne des Sassanides, et a subi des simplifications considérables par rapport à l’ancien. Il n’avait pas un seul alphabet, mais deux : l’alphabet araméen et celui appelé huzvaresh.

Aujourd’hui encore, les différents dialectes iraniens ont poursuivi leur évolution jusqu’à ce que, au 10e siècle, ils émergent sous la forme du persan moderne. La principale œuvre littéraire de l’Iran moderne est un poème épique “Le Livre des Rois”, dont l’auteur, Ferdowsi, a vécu jusqu’à l’an 1000 environ. De nombreuses variétés dialectales continuent d’être parlées aujourd’hui. Il s’agit notamment du farsi, la langue nationale de l’Iran ; du pachto, la langue officielle de l’Afghanistan ; des dialectes kurdes, parlés en Syrie, en Turquie, en Iran et en Irak ; et des dialectes du Pamir, sur le plateau du Pamir situé au nord-ouest de l’Afghanistan. Enfin, les langues iraniennes du Caucase du Nord, l’ossétique et les dialectes caspiens sont les héritiers de la langue des derniers éléments indo-européens restés dans les steppes, que nous appelons les Scythes et les Sarmates.

Kamal-ol-Molk

Mohammad Ghaffari, surnommé Kamal al-Molk (1884 – 1919), était un célèbre peintre iranien, né à Kashan dans une famille d’artistes et de peintres. Mohammad, un garçon très intelligent et délicat, au cœur généreux, a grandi dans un village au milieu de la verdure , ses yeux et son cœur étaient pleins d’amour pour la nature. On raconte qu’il prenait un morceau de charbon dans le four et faisait des dessins sur les murs, sur les livres de son père, sur les selles des chevaux et parfois, loin des yeux de ses parents, sur le mur blanchi à la chaux de sa chambre.

Palais du Golestan

Le jeune homme s’est installé à Téhéran et, durant son séjour, a créé plusieurs tableaux commandés par Nasser al-Din Shah. Il a ensuite passé plusieurs années en Europe, étudiant avec de nombreux peintres européens, les œuvres des grands peintres dans divers musées du monde. À son retour en Iran, Kamal-oll-Molk a fondé sa propre école des beaux art “Mostazarfeh” qui deviendra un point de référence pour les nouveaux artistes et peintres iraniens.

Kamal-ol-Molk est l’un des premiers peintres iraniens à avoir totalement rejeté les règles traditionnelles de la peinture. Conformément au processus du modernisme, la distinction s’est étendue au milieu de la société Qajar et, par conséquent, la production de peinture est apparue progressivement. La production de peinture en Iran est apparu autour de la révolution constitutionnelle iranienne (“Mashrooteh” en persan), Kamal-al-Molk étant placé sur le pôle indépendant. La “Peinture royale” était la principale forme de peinture et dans la première période du Qajar, et la cour de Fathalishah en était le centre principal. Cependant, la “peinture populaire” a été largement produite au cours de cette période. Kamal-al-Molk, l’un des peintres les plus célèbres, dans la deuxième partie de sa vie, a changé d’avis et a créé ses œuvres, sans aucune relation royale. En effet, il a commencé progressivement à créer une peinture pure.

Kamal-Ol-Molk est l’un des premiers peintres iraniens qui ont commencé à être indépendants de la cour, il a établi “l’art pour l’art” en Iran. C’est un artiste qui a changé la dynamique de la peinture iranienne en prenant ses distances avec les traditions communes des siècles passés. Cependant, son nouveau style a conduit à une liberté totale de la peinture dans les décennies suivantes et au début de l’ère Pahlavi par un groupe d’artistes qui sont allés en Europe pour étudier l’art. D’autre part, la création de l’université de Téhéran et de la faculté des beaux-arts a constitué une nouvelle base pour la production de la peinture pure.

La tombe de Kamal-ol-Molk, conçue par un célèbre architecte iranien, est située à Neishabur, à côté de la tombe  d’Attar Neishaburi, le philosophe et poète iranien, au milieu d’un jardin.

Forough Farrokhzad

Née à Téhéran en 1935, une époque de grandes transformations sociales, troisième d’une famille de sept enfants, Forough a étudié l’art et a rapidement commencé à composer des poèmes. Forough a fréquenté l’école jusqu’à la huitième année, puis a appris à peindre et à coudre dans une école d’arts manuels pour les filles. À l’âge de seize ans, elle est mariée à Parviz Shapour, un auteur satirique renommé. Forough a poursuivi ses études avec des cours de peinture et a déménagé, accompagné de son mari à Ahwaz. Un an plus tard, elle donne naissance à son fils unique, Kamyar (sujet d’un de ses poèmes). Après trois ans de mariage, Forough s’est sentie obligée de choisir entre le divorce et la poésie et a choisi la seconde, ce qui l’a privé de voir sonn fils à jamais.

Forough Farrokhzad, une femme divorcée qui écrivait des poèmes controversés avec une voix féminine forte, a immédiatement connu un succès fulgurant et est devenue une icône féminine. En 1958, elle a passé neuf mois en Europe pour raisons d’études. Après son retour en Iran, à la recherche d’un emploi, elle a rencontré le réalisateur et écrivain Ebrahim Golestan, qui a renforcé son envie de s’exprimer et de vivre de manière indépendante et avec qui elle a entretenu une relation amoureuse. Entre-temps, elle a publié deux autres livres, “Le mur” et “la rébellion”, avant de se rendre à Tabriz pour tourner un court métrage sur les Iraniens atteints de la lèpre.

Ce court métrage réalisé en 1962 s’intitule “La maison est noire” et est considéré comme un élément essentiel de la nouvelle vague du cinéma iranien. Pendant les douze jours de tournage, Forough s’est attaché à Hossein Mansouri, le fils de deux lépreux, et a décidé de l’adopter et de l’emmener avec elle dans la maison de sa mère.

Le 13 février 1967, Forough est morte dans un accident de voiture à l’âge de trente-deux ans. Pour éviter de heurter un bus scolaire, elle a fait une embardée et sa jeep a heurté un mur de pierre. Elle est morte avant d’arriver à l’hôpital. Son poème “Ayons foi en le début de la saison froide” a été publié à titre posthume et est considéré par certains critiques littéraires comme l’un des poèmes modernes les mieux structurés en persan :

“C’est moi, une femme seule

Au seuil d’une saison froide

Au début du saisissement

 de l’existence souillée de la terre

Du désespoir simple et triste du ciel

Et de l’impuissance de ces mains cimentées.

Le temps passa et l’horloge frappa quatre, coups

 quatre coups.

Je connais le secret des saisons

Et je saisis la parole des instants

Le sauveur sommeille dans sa tombe

Et le sol, le sol accueillant

Est une allusion à la quiétude”

Forugh Farrokhzad est considérée comme la plus grande poétesse du vingtième siècle en Iran, ses poèmes ont inspiré des artistes célèbres en Iran et à l’étranger, comme Abbas Kiarostami, dans son film “le vent nous emprortera”, et Bertolucci, un documentaire sur sa vie. Aujourd’hui encore, son souvenir est bien vivant et présent. Sa vie est l’histoire d’une femme courageuse, poétesse et artiste de grand talent aux multiples aventures sentimentales, sociales et politiques.

Le lien du film “la maison est noire” sur Youtube.

Fariba Vafi (1963)

Fariba Vafi est née le 21 janvier 1963 à Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran. Elle a commencé à écrire des histoires dès son plus jeune âge et a fait de l’écriture littéraire son principal objectif. Elle a vu la sortie de son premier livre, “Dar Omq-e-sahneh” (dans la profondeur de la scène) en 1986 et a depuis publié d’autres nouvelles et sept romans. Ses œuvres sont traduites dans de nombreuses langues et ont remporté des prix internationaux. Fariba, qui est d’origine azerbaïdjanaise, estime que son talent linguistique est parfois coincé entre le persan et le turc (azerbaïdjanais), car elle a deux personnages différents dans chacune de ces deux langues. Mais après toutes ces années, elle a enfin essayé de concilier et d’équilibrer ces deux langues. Fariba a laissé de nombreuses œuvres au cours de ces années, parmi lesquelles le recueil de récits approfondis, “Même quand on rit”, “sur le chemin de la villa”, “Un Oiseau migrateur” et d’autres romans.

Fariba est une écrivaine réaliste dont les préoccupations principales sont les problèmes des femmes. Fariba considère l’histoire comme une plateforme pour exprimer les souffrances des femmes dans la société. Dans ses histoires, elle évoque les détails de la vie des femmes et les types de violence du point de vue des personnages féminins. Ses histoires témoignent des femmes et des jeunes filles qui ont subi des traumatismes dans leur vie ou pendant leur enfance. Les résultats montrent que les femmes dans ses histoires ont des personnalités statiques et stagnantes et sont souvent victimes du patriarcat et des exigences de la société masculine et sont passives face à la violence.

“Un Oiseau migrateur” est l’histoire d’une femme avec deux jeunes enfants qui, après une longue absence, devient propriétaire d’une maison de 50 mètres et en est heureuse, mais son bonheur ne dure pas longtemps. Son mari Amir veut vendre la maison et migrer au Canada. La femme ne veut aller nulle part. En fait, la femme veut simplement trouver sa place dans la vie en regardant le passé et en l’analysant. Dans l’analyse du passé, nous trouvons des points subtils et nouveaux dans la vie d’une femme iranienne, et avec ses souffrances et ses joies, nous rencontrons la complexité de la situation actuelle.

 

« Amir est un oiseau migrateur qu’on aurait mis en cage. Il ne pense qu’à s’envoler.

— Toi, tu es une ourse polaire, me dit­il. Tu aimes cette vie. Ces enfants c’est toi qui les as faits, pas Khadijeh.

Il neige. Tu dois faire boire Shadi qui a la diarrhée. Et même un peu de fièvre. Shahine n’arrête pas de tousser. Il faut que les enfants grandissent. Cette fois-­ci, l’oiseau migrateur s’est envolé vers le Damavand. »

Ahmad Shamlou (1925 – 2000)

Shamlou, célèbre poète iranien, est né le 12 décembre 1925 à Téhéran. Son père était officier de l’armée, originaire de Kaboul (Afghanistan). En fait, Ahmad, ayant dû suivre son père, a passé ses premières années scolaires dans différentes villes : Zahedan dans le sud-est de l’Iran, Mashhad dans le nord-est et Rasht dans le nord. En 1938, Shamlou a  quitté le lycée pour s’inscrire au collège technique de Téhéran, l’un des meilleurs de l’époque, qui lui a également permis d’apprendre la langue allemande. En 1942, son père l’a emmené dans le nord de l’Iran, occupé par l’armée soviétique. Shamlou, a commencé à écrire ses idées révolutionnaires, c’est pourquoi il a été arrêté par l’Armée rouge pour ses idées politiques et envoyé à Rasht. Il est libéré de prison en 1945 et part avec sa famille pour l’Azerbaïdjan.

En 1948, il a commencé à écrire dans un mensuel littéraire appelé “Sokhan”. Deux ans plus tard, sa première nouvelle est publiée : “La femme derrière la porte de laiton”. Le deuxième recueil de poèmes,”Manifeste”, a été publié en 1951, où il a montré ses penchants clairs pour « l’idéologie socialiste ». En 1952, il a obtenu un emploi à l’ambassade de Hongrie en tant que conseiller culturel. Entre-temps, il a publié son troisième recueil de poèmes, “Fer et sensation”, qui a été interdit et détruit par la police.

En 1956, il est devenu rédacteur en chef du magazine littéraire “Bamshad”. Il a été séparé de sa femme après avoir eu deux fils et une fille. Au printemps 1962, il a rencontré Aida Sarkisian, issue d’une famille arméno-iranienne qui vivait dans le même quartier que lui. Ils se sont mariés au bout de deux ans, malgré l’opposition de la famille d’Aida qui n’aimait pas Ahmad parce qu’il était plus âgé qu’elle et avait déjà divorcé deux fois. Malgré tout, ils sont restés ensemble jusqu’à la mort de Shamlou.

Ahmad Shamlou était sans aucun doute une figure importante dans le domaine de la poésie et de la traduction (Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry). Il a toujours vécu une vie poétique et mis la poésie au service des plus hautes valeurs humaines. Ahmad était la présence et la mémoire historique d’une génération qui, pendant près d’un demi-siècle, s’est épanouie dans de nombreux domaines de la pensée et de la littérature, tirant les mythes humains de l’obscurité du temps en perçant le mystère du petit charme de l’amitié avec leurs innovations. Par conséquent, Shamlou a considéré la poésie comme un outil pour établir la liberté. Outre la poésie et la traduction, Ahmad, qui avait une voix théâtrale, racontait et lisait des poèmes classiques persans, enregistrait ses traductions et les célèbres quatrains d’Ommar Khayyam. C’est précisément en raison de l’existence d’une telle vision libre dans la poésie que, lorsqu’à la fin des années 1950, il a choisi ses poèmes, totalement idéologiques, pour en faire une cassette audio avec sa voix. Cette cassette est devenue plus tard le titre d’un recueil de poèmes.

Chant de la Connaissance

Qui es-tu, toi à qui je dis mon nom

Avec confiance ?

Je mets les clés de ma maison

Dans ta main,

Je partage le pain

De mes bonheurs avec toi

Je m’assieds à tes côtés

Et sur tes genoux

Je m’endors ainsi,

Calmement.

Qui es-tu ?

Je veux m’arrêter avec toi

Avec entêtement

Au pays de mes rêves.

Abbas Kiarostami : un cinéaste culte

Il y a des artistes qui, tout au long de leur vie, font des variations infinies sur une même œuvre, et d’autres qui choisissent de ne jamais se répéter. Kiarostami avance en zigzag et sans destination préétablie, sur un chemin de recherche – exigeant et rigoureux – qui l’amène à remettre continuellement en question son travail et les résultats acquis, tout en restant fidèle à son propre univers et à une esthétique du regard qui est en même temps une éthique de la mise en scène. Kiarostami est aussi et avant tout un artiste total. Comme les grandes artistes de la Renaissance, c’est un auteur capable de s’exprimer à travers différents médias et langages, en restant toujours fidèle à lui-même et à ses thèmes privilégiés : le cinéma bien sûr, mais aussi la photographie, la vidéo, la poésie, le théâtre. (Alberto Barbera)

Abbas Kiarostami (1940 – 2016) est né à Téhéran, la capitale de l’Iran. Dans sa jeunesse, il a suivi un cours de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de la capitale iranienne. En 1969, il a réuni de jeunes cinéastes et a créé un département cinématographique à Kanoon-e Parvaresh-e Fekri-e Koodakan, qui deviendra une référence pour la nouvelle cinématographie iranienne. Il a obtenu sa première reconnaissance importante avec le Léopard de bronze à Locarno en 1987 avec “Khaneh-ye doost kojast ?” (Où est la maison de mon ami?). En 1995, il a fait partie du jury à Venise et en 1997, il a remporté ex-aequo la Palme d’or à Cannes avec “Le goût de la cerise”. En 2002, il a écrit et réalisé le film “Ten” (dix), présenté en compétition au Festival de Cannes, qui raconte en dix scènes la vie sentimentale et émotionnelle de six femmes.

Les propos d’Abbas Kiarostami sur la puissance des images

“Il m’arrive de penser : comment faire un film où je ne dirais rien ? Si des images peuvent donner une telle force à l’autre pour les interpréter, et tirer un sens que je ne soupçonnais pas, alors il vaut mieux ne rien dire et laisser le spectateur tout imaginer.

Quand on raconte une histoire, on ne raconte qu’une histoire et chaque spectateur, avec sa propre capacité d’imagination, entend une histoire.

Mais quand on ne dit rien c’est comme si on disait une multitude de choses.

Le pouvoir passe au spectateur. André Gide disait que l’importance est dans le regard, et non dans le sujet. Et Godard dit que ce qui est sur l’écran est déjà mort. C’est le regard du spectateur qui lui insuffle la vie.”

Poème d’Abbas Kiarostami

“Le corps                                                                                                                                                                           

Sur la terre                                                                                                                                                                            

Les pieds                                                                                                                                                                            

Dans la boue                                                                                                                                                                           

Le cœur                                                                                                                                                                            

Sur le feu                                                                                                                                                                            

La tête”                                                                                                                                                                           

Poème d’Abbas Kiarostami

Sohrab Sepehri

Sohrab Sepehri, célèbre poète iranien, est né à Kashan le 7 octobre 1928. Artiste, peintre et poète de grand talent, Sepehri s’est fait connaître et remarquer avec la publication de “Les pas de l’eau”, qui marque la partie centrale et la plus significative de son activité poétique à laquelle se sont ajoutés deux autres volumes. En 1969, il a participé à la Biennale de Paris et peu après, il a exposé ses toiles dans une galerie à New-York où il a vécu pendant une courte période.

L’environnement familial dans lequel il a grandi l’a radicalement influencé, puisque la famille de Sohrab a également opté pour l’art et la littérature. Le père de Sohrab était employé au bureau du Post-Télégraphe, artisan et créateur de la flûte traditionnelle persane, le tar, tandis que sa grand-mère était, elle aussi, une poétesse assez douée. Kashan et les villages environnants ont joué un rôle important dans l’œuvre de Sohrab, tant en peinture qu’en poésie. En effet, dans ses poèmes, il met principalement en avant son pays d’origine qui, entre autres, peut se vanter d’une histoire riche et glorieuse :

« Je viens de la contrée de Kashan.

Ma vie somme toute n’est pas trop difficile.

J’ai de quoi vivre, un brin d’intelligence, un minuscule talent.

J’ai une mère plus douce que les feuilles de l’arbre.

Des amis plus limpides que l’eau courante. »

Sepehri est si populaire parmi les Iraniens qu’on l’appelle généralement par son prénom “Sohrab”, comme s’il s’agissait d’un ami que tout le monde connaît. Sohrab a voyagé au-delà de la trajectoire normale des significations quotidiennes. L’utilisation de nouvelles formes dans la poésie le rend compliqué à comprendre mais au fond, il s’agit de brillantes métaphores qu’il appliquait au sens des mots. Les lecteurs sont tellement immergés dans sa poésie qu’ils oublient parfois le monde des réalités et éprouvent une nouvelle reconnaissance de l’homme et de l’univers tout entier.

Sohrab était un amoureux de la nature. Comme un bébé blotti dans les bras de sa mère, Sohrab trouvait le repos au sein de la nature. Il avait un grand respect pour la nature et tout ce qui s’y rapporte. Il était un véritable adorateur qui aimait Dieu et ses créatures, croyant qu’il faut planter dans son cœur la fleur de l’amour pour l’univers entier. Pour Sohrab, l’amour est tout :

“Je ne sais pas

pourquoi on dit : le Cheval est un animal fidèle, la Colombe est belle

Et pourquoi  personne n’a dans sa cage un Vautour”

Expert en bouddhisme, en mysticisme et en traditions occidentales, il a mélangé des concepts occidentaux avec des concepts orientaux, créant ainsi un type de poésie inégalé dans l’histoire de la littérature persane. Pour lui, les nouvelles formes sont de nouveaux moyens d’exprimer ses pensées et ses sentiments. Sa poésie est, en fait, comme un voyage, à chaque fois qu’on la lit, on saisit quelque chose de différent.

Sohrab nous emmène en voyage dans un monde inconnu où les choses laides deviennent belles et où les objets méprisés deviennent le centre d’intérêt des lecteurs. Après avoir laissé une marque poétique indélébile pour la littérature persane, le poète s’est éteint à Kashan en 1980. Son poème intitulé “Où est la demeure de l’ami” a touché le cœur du réalisateur iranien  Abbas Kiarostami qui, en 1987, a écrit et réalisé un film inspiré par la poésie de Sohrab.

“Où est la demeure de l’Ami ?”

C’est à l’aurore que retentit la voix du cavalier…

Montrant du doigt un peuplier blanc, [un passant répondit] :

“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boisée

Plus verte que le songe de Dieu

Où l’amour est tout aussi bleu que

Le plumage de la sincérité.

Tu iras jusqu’au fond de cette allée…

Au pied de la fontaine d’où jaillissent les mythes de la terre…

Dans l’intimité ondulante de cet espace sacré

Tu entendras un certain bruissement :

Tu verras un enfant perché au-​dessus d’un pin effilé,

Désireux de ravir la couvée du nid de la lumière

Et tu lui demanderas :

Où est la demeure de l’Ami ?”

Zilu de Meybod

Zilu est un revêtement de sol traditionnel qui remonte à quelques milliers d’années. Contrairement aux tapis persans aux motifs élaborés, les Zilu sont assez simples. On peut dire que cette caractéristique en a fait un art original et traditionnel des personnes vivant dans les régions désertiques de l’Iran. Zilu Bafi (tissage de Zilu) de Meybod, dans la province de Yazd, est bien connue dans tout l’Iran. Zilu est souvent confondu avec Kilim, mais l’une des différences fondamentales est que Zilu est en coton alors que Kilim est en laine. Pour les régions plus chaudes et plus proches du désert, le coton est un tissu idéal car il garde la fraîcheur en été et la chaleur en hiver.

Des plantes telles que la garance, la grenade et le brou de noix sont utilisées comme colorants naturels qui se déclinent généralement en deux ou trois combinaisons de couleurs : bleu et blanc, bleu et jaune et vert et orange. La combinaison de coton et de teintures végétales naturelles fait de cet artisanat traditionnel iranien, un souvenir à 100% végétal!

Les motifs les plus courants et les plus traditionnels sont le cyprès et les motifs géométriques. Cependant, les tisserands expérimentés peuvent créer environ 60 motifs différents. Zilu est si simple que l’endroit et l’envers sont indiscernables et donc réversibles.

Les machines à tisser des Zilus ressemblent beaucoup aux métiers à tisser des tapis. Les motifs et les dessins de Zilu sont également très proches de ceux des tapis et des Kilims. Pourtant, certains motifs de Zilu peuvent être observés dans les monuments architecturaux de l’Iran.

Zilu est en général utilisé pour recouvrir le sol, mais ces dernières années, il est aussi ultilisé dans la fabrication des sacs et des coussins, ce qui a rendu plus prospère cet ancien artisanat des terres désertiques de l’Iran.

Termeh, le précieux tissu de Yazd

Termeh est un tissu fin et précieux aux motifs traditionnels, tissé à la main à l’aide de deux séries de fils de chaîne et de trame en laine et en soie naturelle et synthétique.

Bien que certains pensent que l’origine de Termeh se situe au cœur de l’Asie centrale et sur les hauts plateaux du Cachemire, d’autres pensent que le tissage du Termeh est né en Iran et a ensuite trouvé son chemin vers le Cachemire. Cependant, le tissage de Termeh a été développé et est devenu populaire au début de la période safavide à Ispahan, et son excellente évolution a eu lieu pendant le règne du Shah Abbas et est devenu l’un des produits exportables de l’Iran.

Le goût et l’initiative des Iraniens dans le tissage, les matériaux et les motifs fantastiques de cet artisanat sont uniques. Par conséquent, ce qui est important dans le tissage de Termeh est le choix et la combinaison des couleurs harmonieuses. Les couleurs utilisées sont généralement le rouge foncé, le rouge clair, le vert, l’orange et le noir, et les motifs comprennent généralement des motifs boteh, floraux, géométriques et des motifs traditionnels.

Ce tissu délicat et fin était utilisé dans la couture de vêtements nobles, de rideaux, de tapis de prière et de robes qui étaient principalement portés par les personnes des classes nobles dans les temps passés.

Aujourd’hui, l’artisanat de Termeh, qui est en voie d’extinction, est tissé uniquement dans la province de Yazd et vendu dans d’autres provinces.

Tapis persan

Le tapis, défini comme un tissu précieux et doux, dans certains cas en coton, en laine et en soie, est considéré comme l’un des plus anciens éléments de l’art et de la culture iraniens. L’analyse du tissage et des images du plus ancien tapis du monde, le tapis Pazyryk, suggère que les motifs du tapis sont considérablement similaires aux reliefs de Persépolis, et de nombreux chercheurs considèrent ce tapis comme un tapis persan tissé par des personnes originaires des territoires de la Perse.

Un autre exemple du tapis persan est le tapis Baharestan, datant de la période sassanide, connu et associé aux noms de Bahar Khosrow et Bahar Kasra, est bien connu comme un autre symbole de l’évolution du tissage des tapis dans l’Iran ancien. Malheureusement, ce dernier a été fragmenté et détruit lors de sa transmission à Médine après l’invasion arabe.

À l’époque des Mongols (13e ou 14e siècle après JC), qui coïncide avec le règne de Ghazan Khan, l’industrie a atteint un niveau très élevé en termes de style et de technique. Toutefois, on pense que l’excellence de cet art classique iranien, que l’on appelle aussi la renaissance du tapis persan, a eu lieu pendant le règne des Safavides, en particulier à l’époque du Shah Tahmasb I et du Shah Abbas I. Au cours de cette période, du XVIe au XVIIe, les tapis médaillon ont remplacé les tapis qui étaient alors connus pour leurs motifs mongols et timourides. Outre les tapis médaillon, le tissage de tapis comportant des images d’animaux ou de terrains de chasse dans leurs motifs est devenu populaire. Aujourd’hui il reste environ 3000 tapis de cette période et ils sont conservés dans les plus grands musées du monde ou dans des collections personnelles, pour donner un exemple nous pouvons citer le magnifique Tapis de Chasse du Musée Poldi Pezzoli de Milan.

Dans l’ensemble, les motifs des tapis représentent la façon dont les artisans perçoivent l’environnement, le climat et la nature. Les motifs des tapis faits à la main transmettent parfois un message représentant la culture, l’histoire, l’architecture, le climat et le temps. En outre, les motifs géométriques des tapis iraniens évoquent parfois un poème, un verset ou une sourate du Coran, un récit légendaire ou historique ou une anecdote des prophètes.

En Iran, chaque région a sa propre particularité de motifs, de couleurs et de matières premières. Mais ils partagent tous un point commun: le nœud asymétrique connu sous le nom de nœud persan, qui rend le tissu plus solide et plus compact. Le tapis est généralement tissé sur un métier vertical, mais en Iran, dans certaines régions comme à Bandar-e Turkman et à Kurdistan, il existe également des métiers à tisser horizontaux.

Le métier à tisser tend les fils de la chaîne et le tisserand ayant un dessin mental (Nomade) ou un dessin sur le papier (Urbain) exécute le tissage en nouant les fils le long des tracés horizontaux. Les fils qui servent à faire les nœuds peuvent être en laine, en soie ou en coton. Par conséquent, le fil précieux définit la qualité du tissage et le tapis aura une valeur plus élevée. Après le nouage, les fils de chaîne sont coupés et créent la frange qui émerge peu après la bordure extérieure. Enfin, le tapis est reconnu pour sa quantité de nœuds qui définit le raffinement du tissage. Aujourd’hui, les principaux centres de tissage de tapis tissés à la main en Iran sont les villes de Tabriz, Ispahan, Kashan, Kerman et Mashhad, Ardabil et d’autres régions comme Kurdistan et dans les tribus Qashqaei, Bakhtiari et Turkmen.